i can't see sh*t ft. andreas

WHON HA & ANDREAS

i can't see sh*t

C'était alors quand il était très jeune que Wonha avait perdu une vue distincte dans son œil droit, avec aucune possibilité pour lui remplacer sa cornée trop endommagée pour lui permettre de voir correctement, mais pas assez pour juger qu'il était bon de le faire opérer : des personnes aveugles avaient besoin de greffe, pas lui. Cependant, il était maintenant obligé d'aller de manière régulière chez l'ophtalmo, aussi chiant cela pouvait être, car ça tombait toujours trop tôt le matin pour lui qui était une réelle marmotte, ou en plus milieu de l'après-midi, histoire de lui couper sa journée. Du coup, quand il arrivait dans le cabinet de son médecin, il était toujours de mauvaise humeur et rien ne pouvait lui remonter le moral : même pas le fait de voler une sucette une fois son rendez-vous finit – il fallait bien qu'il tire un minimum de choses positives de ce rendez-vous.

Alors aujourd'hui, comme tous les deux mois, il n'avait rien prévu de sa journée : la quincaillerie resterait fermé, il avait prévenu l'hôpital qu'il partirait pendant deux heures pour avoir son rendez-vous – et une petite pause au passage – et ses clients..bah il avait éteins son téléphone en fait, comme à chaque fois qu'il était au boulot. Du coup, après sa matinée bien chargé – un patient lui avait vomi dessus quand même – et une bonne douche, il était maintenant dans la salle d'attente de l'ophtalmologiste, s'ennuyant fermement. Il était pour le moment seul dans la salle et avait déjà feuilleté la majorité des magazines une cinquantaine de fois tellement il était habitué à venir ici – et puis surtout qu'ils ne changeaient jamais pour mettre de nouveaux magazines. Alors il n'avait littéralement rien à faire et de nombreux soupirs n'arrêtaient pas de passer la barrière de ses lèvres, comme si ça allait faire avancer le temps plus vite. Si seulement.

Encore trente minutes et ça serait son tour, alors qu'il entendait légèrement les voix à travers la porte de son médecin, impossible de distinguer ce qui était dit et Wonha le savait, mais il était curieux. L'ennuie avait tendance à faire ressortir ce côté chez lui et il n'avait qu'une envie, c'était d'aller coller son oreille à la porte pour voir ce qui se tramait là-dedans. Alors il le fit. Parce qu'il était seul dans la salle et que personne ne pouvait l'arrêter. Il se mit alors accroupi à côté de la porte, pressant son oreille droite contre celle-ci tandis que ses yeux étaient posés sur la porte d'entrée : histoire qu'il ne se fasse pas chopper dans une situation relativement gênante tout de même. Parce qu'il avait l'air d'un enfant assis comme ça collé à une porte, mais surtout, il avait l'air ridicule.

alors que ta musique résonnait à fond dans tes écouteurs, tu montais tranquillement les marches du perron du cabinet, déjà blasé de ce que t'allais entendre. désolé monsieur lacroix, votre vue a encore baissé, avez vous suivi mes conseils quant à l'utilisation des dispositifs informatiques ? tout ça pour dire : connard, tu restes trop proches de l'ordi, sale myope. du coup ouais. mais obligé de venir, fallait renouveler ses lunettes parce que tu avais eut quelques soucis récemment.

en fait l'histoire était prête à raconter, et pour être honnête t'en avais encore un peu honte. t'avais toujours dit à freya de faire attention à ses affaires, et voilà que c'était toi, tout seul, qui avait marché sur tes lunettes après avoir demandé pendant quinze minutes à freya où elles étaient. tu t'en sortais très bien avec tes lentilles, mais ça commençait à être douloureux, et puis t'avais besoin de tes lunettes, à la fac, pour reposer tes yeux. autant dire qu'actuellement c'était cancer, d'autant plus qu'étant donné ton introversion, tu préférais de loin te mettre tout au fond des amphis, ça faisait trois jours que t'arrivais pas à lire les diapos mais que tu faisais parfaitement illusion. le pire c'est que la moitié de la promo récupérait tes cours sur le net. too bad.

putain je suis en retard j'ai raté le bus je suis dé-

tu te tus en voyant l'individu carrément suspect accroupit devant la porte, l'oreille collé contre la porte de ton ophtalmo. bon, il avait pas pu te voir arriver étant donné que t'avais pris l'escalier et que tout le monde prenait l'ascenseur mais bon euh c'était gênant. et la porte était fermée. le doc avait probablement annulé ton rendez vous. mais toi, tu voyais juste l'autre tardos accroupit devant la porte, et t'arrivais pas à te dire autre chose que je l'ai déjà vu, j'en suis sûr.

du coup paye ta première impression, toi qui parle dans le vide, lui qui écoute comme un con devant la porte, et puis tes écouteurs qui hurlent une musique qui ressemble très étrangement au générique de pokémon. ouais. bon, on repassera. tu clignes des yeux avant de sourire nerveusement, écarlate.

euh.

ouais euh, parce qu'il y a juste rien d'autre qui te vient dans l'instant et que tu sais pas quoi dire pour te sauver, ou le sauver ou rendre ça juste moins gênant.

on s'est pas déjà vu quelque part ?

wow fallait croire que c'était le moment qu'avait choisi ta curiosité pour prendre les commandes de ton cerveau en panique, t'étais presque persuadé qu'il voyait très bien la goutte de sueur nerveuse qui avait poppé sur ta tempe gauche, alors que tu regardais ça et là pour trouver un moyen de te sauver.

WHON HA & ANDREAS

i can't see sh*t

La porte s'était ouverte à la volée, et l'âme de Wonha avait quitté son corps pendant un instant. Une main sur le cœur, celui-ci battant la chamade, il regarda le nouveau venu comme si c'était Satan en personne. Avec la musique en fond aussi bruyante, il aurait pu presque le croire. Mais non. Juste un jeune homme, entrant comme un éléphant dans le cabinet, par derrière en plus, histoire de bien surprendre l'infirmier. Wonha calma son cœur comme il le pu et, avec toute la dignité dont il pouvait faire preuve dans ce genre de situation, il se releva, épousseta un peu sa blouse – alors qu'il n'y voyait pas le besoin – puis fit un léger signe de tête à l'inconnu face à lui avant de retourner poser ses fesses sur l'une des chaises de la salle d'attente. Faire comme si de rien n'était. Comme si, deux secondes plus tôt, il n'avait pas été entrain d'espionner son ophtalmo. Il avait fait tomber une boucle d'oreille. Une lentille même, ça serait plus crédible. Puis il trouva que c'était trop d'efforts d'essayer de se justifier, surtout face à un inconnu, et ne prononça donc pas un mot.

Mais il s'ennuyait toujours. Le tic tac de l'horloge trônant dans la salle n'aidait en rien à faire passer son ennui plus rapidement, au contraire. Il avait l'impression que les minutes devenaient des heures et ça commençait à l'agacer. Le « euh » qui brisa le rythme de l'horloge retint cependant son attention et il posa ses yeux sur le jeune homme qui l'avait dérangé quelques minutes plus tôt ; au fond, il se retenait énormément de dire « F ». C'était trop enfantin – débile même – il valait mieux se taire. Sa première impression n'était déjà pas la bonne et même s'il s'en foutait un peu, il ne voulait pas non plus s'enfonçait dans le ridicule. Ça ne tue pas mais quand même...un peu de dignité bon sang. « on s'est pas déjà vu quelque part ? »

Ça par contre, ça lui fit arquer un sourcil. Wonha scanna rapidement son interlocuteur du regard, comme s'il était soudainement devenu un critique de mode avant de répondre. « Tu me dis rien. » Bavard ? Absolument pas. Surtout pas au premier abord. Puis avec sa mauvaise humeur de base rajoutée par-dessus, une tombe aurait pu prendre sa place qu'on ne verrait pas la différence. Et pourtant, il se dit que ça ferait passer le temps. « Si tu viens souvent ici, je suis infirmier. Mais dans l'aile psy. Alors à moins que tu n'aies un souci mental, je pense pas t'avoir croisé. » Il avait envie de rajouter qu'avec une musique aussi forte, il risquait certainement de s'endommager le cerveau mais il se retint : ce n'est pas parce qu'il se fichait de blesser des gens par son franc-parler qu'il fallait qu'il sorte tout ce qui lui passait par la tête : il en aurait traumatisé plus d'un si c'était le cas.

tu me dis rien.

pour être entièrement honnête, le gars venait de te larguer cette phrase avec le ton froid de parle moi encore et je te jure j'te nique ta mère, tant et si bien que pendant un instant t'avais cru qu'il te disait juste de fermer ta gueule dans un français un peu aléatoire. mais nan, il te reconnaissait pas. tant mieux, il viendrait pas dans ton sommeil pour t'égorger tu supposais. mais n'empêche que t'étais super curieux.

si tu viens souvent ici, je suis infirmier. mais dans l'aile psy. alors à moins que tu n'aies un souci mental, je pense pas t'avoir croisé.

ouais bah son ton sous entendait quand même vachement que t'avais un problème mental. fallait avouer que tes parents avaient absolument voulu que tu vois un psy pour tes problèmes de sexualité. soit disant. parce que non seulement t'étais pas gay, mais en fait t'avais juste aucune sexualité. zero, nada. du coup bon voilà, et puis il était infirmier ? fallait avouer qu'il avait l'air v'la professionnel. du coup tu t'en voulais un peu de l'avoir embêté, parce que t'étais qui toi à côté ? un gamin plus ou moins doué en maths qui passaient ses nuits d'insomnie sur des sites porns à même pas les regarder. ouais sérieusement c'était chaud de te présenter comme ça.

ha. vous habitez à l'octant, nan ?

ton cerveau te hurlait de lâcher l'affaire mais la curiosité était plus forte que tout, il allait définitivement t'en mettre une. au cas où, pour sauver tes arrières, t'avais décidé de le vouvoyer. juste pour sauver tes fesses hein. et puis t'avais détourné les yeux, l'air de rien, pour avoir subitement l'air super intéressé par la pendule, puis par la porte de l'ophtalmo, puis par tes manches, tout pour ne pas croiser son regard pour être honnête.

il me semblait vous avoir vu.

un bref silence.

j'ai dû me tromper.

t'étais à deux doigts de t'excuser, mais la remarque beauf de ton oncle genre un vrai bonhomme s'excuse pas avait poppé dans ta tête et t'avais ravalé ta salive, l'air de rien. super, maintenant t'avais l'air d'un dangereux stalker pas doué. t'étais un stalker, un peu, mais d'habitude tu faisais beaucoup mieux que cette espèce de tentative bizarre de faire la discussion. le pire c'est que ça se lisait sur ton visage que t'aimais pas parler, t'aimais juste avoir la paix et le silence. mais ton coeur battait super vite et t'arrivais simplement pas à réfléchir de façon ordonnée comme d'habitude.

vous êtes là pour quoi sinon ?

probablement pour ses yeux, espèce de demeuré. enfin. tu échappas un soupir à peine perceptible en reposant tes yeux sur lui, triturant tes lunettes brisées entre tes mains. avec un peu de chance il penserait que tu le voyais flou ou un truc du genre, mais pas du tout, tes lentilles tenaient encore un peu la route à cette distance. une distance bien trop courte pour ta propre sécurité.

WHON HA & ANDREAS

i can't see sh*t

« ha. vous habitez à l'octant non ? »

Ok. Soit, Wonha avait écrit son adresse sur son front et il ne s'en était même pas rendu compte, soit ce jeune homme avait des pouvoirs psychiques parce que oui, il habitait là-bas. Ses sourcils se froncèrent sous l'incompréhension et il fixa son homologue une nouvelle fois, son regard devenu soudainement plus dur et son visage fermé : on ne sait jamais sur qui on peut tomber dans Polaris apparemment, alors il préférait se méfier plutôt que de se jeter dans la gueule du loup. Comme tout le monde en fait.

« Mes parents m'ont toujours dit de ne pas parler aux étrangers. Encore moins de leur donner mon adresse. »

..Bon, sur le coup, l'image froide et tout ça venait de se briser en l'espace de quelques secondes. En même temps, il ne voulait pas que l'autre se fasse pipi dessus non plus. Mais au moins, il disait la vérité. Puis il fallait bien qu'il montre qu'il n'allait pas le tuer pour une petite question, parce qu'à en voir les expressions faciales de son interlocuteur, celui-ci devait avoir son cerveau en ébullition après chaque phrase qu'il disait.

« il me semblait vous avoir vu. »

Ceci expliquait donc cela. Enfin.. Qu'est ce qu'un enfant pourrait lui faire ? Wonha lâcha un petit soupir. « C'est possible puisque j'habite effectivement à l'Octant. » Autant assouvir la curiosité du plus jeune pour faire passer le temps. L'Astérien ne savait pas ce qu'il se passait dans ce cabinet mais certainement que l'ophtalmo devait se taper sa cliente. Ça faisait déjà une vingtaine de minutes qu'ils attendaient et toujours pas un signe de ce dit médecin.

« j'ai dû me tromper. » Wonha avait vraiment l'impression d'avoir à faire à un stalker pas très doué mais il se garda bien de le dire : il n'avait pas l'habitude de tenir une conversation aussi longue. Cependant, ça ne l'étonnerait pas d'avoir à faire à un stalker : il avait vu pire aux CDC. Apparemment, on pouvait trouver de tout en Polaris. Et alors qu'à cette simple pensée il allait lâcher un nouveau soupir, la question du plus jeune l'interpella. « vous êtes là pour quoi sinon ? » Bon ok peut-être que son apparence avait tendance à stresser les gens mais il ne fallait pas abuser. Wonha ne pouvait pas les stresser au point de les faire poser des questions aussi bêtes quand même, pas vrai ?

« ….Comme toi je suppose... Tu veux faire quoi d'autre chez un ophtalmo à part checker tes yeux ? » Ouais enfin...La personne qui passait plus de vingt minutes à faire un examen devait très certainement faire autre chose. Et ce n'était certainement pas catholique tout ça. Puis le regard de Wonha tomba sur les lunettes du plus jeune et une grimace s'installa sur son visage. « Pas besoin de te demander pourquoi tu es là, c'est plutôt clair. »  

mes parents m'ont toujours dit de ne pas parler aux étrangers. encore moins de leur donner mon adresse.

ton cerveau s'était juste scindé en deux parties. l'une d'elle était en train de glousser parce que putain c'était vraiment un gros gamin ce mec, la deuxième se demandait juste vraiment pour qui il se prenait. t'étais un peu vexé ouais. t'avais l'air d'un psychopathe ? t'avais surtout pas l'air d'être physiquement capable de faire du mal à une mouche. dieu merci tu courrais vite et t'étais réactif, mais en dehors de ça, t'avais pleuré la seule fois où on t'avait fait tenir une arme - merci papa - et t'étais pas capable de faire la cuisine sans te couper à un moment.

t'étais le genre de catastrophe sur pattes plutôt attachante.
oh putain, andreas...
t'étais un boulet.

réaliser ça te mit un coup au moral, pour être honnête, et t'eus un peu envie de te rouler en boule où tu pouvais. n'importe où. sous une chaise, dans une plante, sous les magazines.

c'est possible puisque j'habite effectivement à l'octant.

wao t'avais eu un instinct de dingue, pour être honnête t'étais quand même super fier d'avoir vraiment trouvé. mais du coup tu flippais un peu parce qu'il te semblait l'avoir croisé à de multiples reprises et genre ... pas du tout loin de chez toi. du coup bon, tu te disais qu'il se pouvait que ce soit un de tes voisins. à bien y réfléchir, il avait juste la dégaine du bad guy, mais il l'était sans doute pas tant que ça, après tout il répondait à tes questions et était quand même super poli. avouez que toi tu l'avais juste surpris dans une positions v'la gênante et que t'avais pas cessé de le harceler façon stalkeur depuis. ouais, le mec devait être gentil. fin. pas foncièrement mauvais v'voyez ?

… comme toi je suppose... tu veux faire quoi d'autre chez un ophtalmo à part checker tes yeux ?

putain andreas t'es con.

voilà ce que t'avais songé, en l'entendant, bien sûr qu'il avait raison et bien sûr que t'avais l'air d'un gros débile maintenant. c'était stupide, parce que si on omettait tes social skills qui étaient dans le négatif, t'étais carrément futé comme garçon. débrouillard et tout. putain.

pas besoin de te demander pourquoi tu es là, c'est plutôt clair.

t'avais jeté un regard nerveux à tes lunettes brisées avant de soupirer, un vrai soupir de désespoir, et puis t'avais regardé la pendule, n'osant pas renchérir sur tes conneries.

à quelle heure vous aviez rendez-vous ? il a beaucoup de retard ?

on aurait dit que oui, en tout cas.

WHON HA & ANDREAS

i can't see sh*t

on attend depuis trente minutes environ et avant que tu n’arrives, j’avais déjà attendu une bonne dizaine de minutes. oui, il est en retard. certainement en train de se faire une patiente.

ha super.
le pire c'est que t'avais tapé une pokerface de l'enfer en entendant le mec parler et débiter ça tout naturellement. genre...
:|
tu ressemblais exactement à ça.

y avait pas un bruit. peut-être bien qu'il avait raison, le gars qui te tutoyais comme si vous aviez gardé les moutons ensemble. t'avais pas trop envie de te lever pour vérifier, parce que putain avec la chance que t'avais ce serait pile à ce moment que le doc allait sortir. du coup t'étais resté figé sur ta chaise, les mains crispées sous tes cuisses, basculant nerveusement de gauche à droite. ok, t'avais clairement l'air d'un autiste, vu comme ça. est-ce qu'il allait t'interner, l'infirmier ? et puis t'arrivais pas à te détacher de l'idée que tu l'avais déjà vu. c'était presque obsédant.

ou alors il est mort.

long silence, tu te pinces les lèvres, tu sais que t'as dis une connerie comme en témoigne ton...
rire nerveux.mp3
comment avoir l'air encore moins à l'aise que comme ça ? t'en sais trop rien mais t'es déjà prêt à renchérir pour ne pas laisser l'occasion à l'inconnu de répondre, ou l'occasion au silence gênant de s'installer un peu plus.

après tout, il a peut-être fait un avc alors qu'il était seul dans son cabinet.

silence.

du couuup, il sera probablement tombé par terre, seul, sec, sans personne pour l'aider ou appeler les pompiers.

...

après tout, on entend aucun bruit ?

un nouveau silence, tu oses enfin poser les yeux sur l'infirmier et tu peux sentir le jugement du monde entier couler sur toi. t'as juste l'air d'un gros gamin, super.

ou alors il est juste parti en pause et il est jamais revenu.

aussi. plus probable d'ailleurs.

c’est que t’es glauque quand tu veux.

ça te fit l'effet d'une douche froid, sans mentir. il avait raison putain, t'étais super glauque, et il avait l'air d'avoir peur de toi ?? c'était sans doute la première fois que tu voyais ce regard chez un parfait inconnu, notamment parce que d'habitude tu parlais pas. à part si t'étais obligé, là t'étais pas obligé, t'étais curieux et stressé. et puis si t'arrivais à faire peur à ce type, c'est soit que c'était un gros fragile peureux - t'étais pas si effrayant, faut arrêter - ou qu'il avait détecté une pathologie mentale grave chez toi. et dans l'instant tu priais juste que ce soit un gros fragile. en fait, tu baissas les yeux et fit mine de ne plus rien dire, et de ne plus rien faire, de peur de faire une connerie. encore.

il y a partir en pause et déserter son poste. j’ai pas envie de l’attendre pendant une heure, j’ai des patients qui m’attendent après.

tu relevais un peu les yeux vers lui pour l'observer, on aurait dit un gamin qu'on avait puni. un gamin d'un mètre quatre-vingt quoi. mais t'avais de gros airs de grand dadais parfois, faut pas se mentir. et puis, tu fixais l'inconnu un long moment, sans rien répondre. il allait te prendre pour un demeurer - ou encore pour un psychopathe - mais tu l'avais vraiment vu quelque part, impossible de savoir où. il avait peut-être simplement un sosie en ville, dans ton quartier. mais oui, il avait dit venir de là. peut-être que vous étiez voisins et que vous le saviez même pas. enfin, tu commençais à te dire qu'il était quand même vachement impressionnant, mais pas dans le sens terrifiant, il avait cette aura que tout le monde n'a pas, cette aura qui laisse penser qu'il sait ce qu'il fait, et que t'es entre de bonnes mains. ça devait être agréable d'être son patient. quitte à devenir cinglé, autant demander son nom quoi...

au pire, vous pouvez toujours partir et demander à repousser le rendez vous ? je peux même demander pour vous, de toutes façons j'ai pas cours aujourd'hui et je suis obligé d'attendre...

histoire d'avoir son nom, son prénom, son adresse, pourquoi pas son numéro de téléphone. juste pour stalker, c'est tout, pour s'informer, rien de plus.