drip drop || lyssa

c'est bizarre, ce qui vient de se passer avec lyssa. au delà d'être bizarre, c'est gênant. genre wow, t'as l'habitude des trucs gênants, surtout ces derniers temps c'est comme s'ils avaient décidé de fleurir dans ta vie, mais là, tout de suite, t'es pas bien. t'as la tête qui tourne un peu, tu pourrais mettre ça sous le compte d'une hypoglycémie - entre autre si t'avais pas bouffé un demi pot de glace la veille au soir - mais tu sais que c'est pas ça. tu sais que ... ouais y a autre chose, autre chose qui te tracasse.

pardon, j'ai fais de la merde un peu. enfin. pas moi, mon chat à la merde, là.

le truc c'est que t'écoutais pas, c'est un peu comme si t'avais été frappé par la foudre ou une erreur 404.

404.
andreas not found.

euh... je suis en train de me vider de mon sang, là. tu m'excuses deux minutes ?
attends, quoi ?

tu reviens enfin à toi, tu cilles et puis tu secoues la tête, tu observes lyssa, un peu inquiet soudainement. tu le détaille comme si tu allais voir le sang, et t'espérais pas le voir en réalisant de quoi il parlait. il avait déjà eu ces problèmes, au lycée.

je peux faire quelque chose pour aider ?

t'étais pas effrayé, nan, tu t'en foutais du sang, tu te faisais toujours mal de toutes façons, maladroit comme tu étais. et le lycée, parlons-en. tu venais de réaliser à quel point tout ça était awkward, et pourquoi. t'avais juste rien à faire là. j'entends, t'avais toujours casé lyssa dans ta tête comme un pote de lycée, mais, en fait, tu réalisais que c'était pas vraiment ça. c'était pas être pote avec quelqu'un de s'asseoir à côté de la-dite personne et d'attendre. c'était pas être pote de faire simplement des travaux de groupes. tu te souvenais pas être allé au ciné avec lyssa, d'être venu chez lui, ou qu'il soit venu chez toi, tu te souvenais pas de balades ou d'avoir passé du temps à critiquer des gens avec lui, en dehors des cours. tu te souvenais pas de tout ça, parce que tout ça, ça n'existait pas. en fait, lyssa n'était pas ton ami, et tu t'étais juste monté la tête, tu t'étais fais des films. et tu baissais les yeux, une mine triste soudainement. c'était beaucoup, ces derniers temps, vous savez. freya qui te faisait la gueule, c'était déjà énorme dans ta vie.

j'aurais pas dû te déranger. j'suis con, et j'suis désolé. pardon. j'vais y aller.

t'espère même pas qu'il te retienne - si, carrément. ouais. t'as juste besoin de croire que tu comptes un peu, pour quelqu'un d'autre que tes darons. t'as juste besoin de croire que quelqu'un te regrettera si tu venais à manquer. à disparaître.

tu ne savais pas du tout ce qui te prenait, justement. mais c'était en train de lui refiler la migraine du siècle. se prendre la tête, c'était chiant et pourtant tu t'obstinais à faire ça dès que t'en avais l'occasion. c'était complètement con, on en convient, mais on suppose que personne n'aurait vraiment pu te changer.

pourquoi tu veux te barrer ?

t'avais vraiment hésité à répondre, mais si c'était pour répondre un truc genre : bah en fait tu me mets mal à l'aise, tu me plais, je sais pas comment réagir, ça me rend bizarre, c'est gênant salut c'était vraiment pas la peine. du coup t'avais rien dit, et t'étais juste resté là à le fixer comme le dernier des cons. la journée était longue putain.

oh tu peux rester s'tu veux. tu me déranges pas et c'est rare qu'un pote vienne me voir.

ha du coup vous étiez potes. sans doute que si lyssa n'avait pas dit ça, tu serais juste parti comme un voleur dès qu'il aurait eu le dos tourné, mais là non, t'étais resté et putain c'était encore plus gênant, il était parti se changer on suppose, et tu n'avais pas particulièrement envie de supposer en détails, en réalité. et puis lyssa était revenu.

ah t'es pas parti. c'est cool.

bon. c'était peut-être temps de lui parler un peu, de lui parler sérieusement, et puis d'arrêter d'avoir l'air coincé et con. ouais, il fallait que tu portes un peu tes couilles, pour changer, ce serait clairement bien. du coup t'avais fait de grandes enjambées jusqu'à lyssa, et puis t'avais pris ses mains dans les siennes avant de lui sourire, un sourire super crispé, un sourire qui voulait dire j'suis terrorisé mec.

lyssa. est-ce qu'on est amis ? j'veux dire, on s'parlait à peine au lycée et puis on s'est pas vus pendant genre ... plus d'un an ? j'veux dire j'ai pas envie de t'emmerder et tout, mais ça me fait vraiment plaisir de te voir, et tout.

et voilà, t'as l'air mignon, à nouveau. putain tu voulais être sérieux, pas mignon, fais chier.