elle a réussi cet exploit que d'être seule et mal accompagnée ¬ ((hermione))

et tout le monde s’en carre et tout le monde s’en fout et tout le monde oublie nous oublie t’oublie aussi pas que moi tout le le monde —
nous efface comme si nous n’avions, justement, pas fait parti de ce monde ;
nous sommes des rêves des illusions des inaccessibles dimensions nous sommes
(certains seulement) l’espoir d’une autre vie après avoir bousillé la première
nous sommes volages des mirages des nuages de passages qu’on apprend par coeur à l’école et après nous sommes quoi ?
rien.
rien.
on existe.
on est.
et puis c’est tout.



définissons nous par des mots ;
vide.
creux.
néant.
intangibles.
des idées.
nous sommes des pensées.
et on les observe, les enfants terribles.
on les envie secrètement,
dans leurs comédies et tragédies,
on voudrait sourire à l’amant, pleurer dans le deuil de ses parents,
on voudrait
(je voudrais)
qu’on me dise,
un jour,
au creux de l’oreille,
les promesses d’une vie meilleure,
avec de la passion et de l’ardeur,
et je serais
(moins vide moins creuse)
et il y aurait
(moins de néant plus de tangible,
plus de tout,
moins de rien)
je serais,
je pourrais dire,
que j’aime, que je déteste, que j’ai peur, que j’ai mal, que je ris, que je crie,
et je pourrais dire,
que je vis.



elle tangue.
elle tangue et elle tourne, elle danse ;
elle fait la cours dit-on parfois.
elle se croit jolie, on murmure au loin ;
elle n’est que de passage, mercure, elle arrive et s’efface.
elle se croit ; elle se sent –
ailleurs.
parce qu’elle est là, si proche si proche du soleil,
(il pourrait la toucher)
la brûler, l’embraser,
et elle effectue son ballet, en modèle une nouvelle trajectoire
(et elle)
elle demeure.
pour lui.
pour tout.
pour rien.
elle reste.
observe.
(et seulement parfois elle tourne la tête, observe la vie de loin)

je suis lasse.

et on ne comprend pas ;
il ne comprend pas,
pas les mots glissés à la lueur des jours qui n’ont jamais vraiment eu de nuits,
les paroles rêveuses d’une planète désireuse de d’autres desseins.

je n’ai pas de jambes pour danser. pas de sourires pour te réconforter. même ma voix n’a pas de véritable mélodie digne d’être chantée.

ses vers se perdent.
deviennent silencieux.
elle n’a pas de larmes ;
et elle contemple, le coeur désireux.

je voudrais pleurer, parfois.

un dernier regard.
si proche de lui au point où il ne la distingue pas.

et toi, me pleureras- tu ?

elle se tait.
et elle
tombe.

moi je le ferais.



le sourire se trace sur ses lèvres craquelées par le froid.
ses lippes s’étirent alors qu’elle le contemple,
le rouge contre ses paumes, le rouge contre ses genoux ;
qu’elle le sent,
le froid de la pluie qui bat son dos, roule sur sa peau,
la peur de l’inconnu, qui lui cisaille les os, lui fait perdre ses mots,
et qu’au milieu de cette route
elle puisse enfin percer l’horizon de son regard de poupée.






et tu sais silver, et tu sais,
tu sais tu es beau tu es grand tu es vaillant,
et tu sais tu es coloré et illuminé,
et tu sais tu es porteur d’espoir porteur de vie porteur de l’humanité,
et tu sais, et tu sais silver,
tu ne sais pas ce que c’est que d’être.
que d’être.
petite et brûlante. petite et incapable d’être une mère aimante. petite et ridiculement grise, terne, fade. inerte.
la surface qui s’étend, se perce parfois.
que de ne pas être exclusive.


et je te quitte,
silver,
parce que tu ne sais pas faire preuve d’imagination
(quand il s’agit de penser en mon nom).



dame aux courbes élancées le sourire qui pétille et la voix mélodieuse,
la sirène des temps modernes qui se glisse auprès de ces messieurs,
comptant une nouvelle histoire de ses lèvres pulpeuses,
et hypnotisés vous ne percevez pas les diamants qu’elle tire de vos poches
et l’argent qu’elle absorbe tandis que vous faites vos reproches,
à la société,
aux grands patrons avides et plein de culpabilité,
à vos femmes qui veulent plus qui ne vous déversent plus l’amour désiré,
et hermione elle écoute,
puis s’éloigne –
et ils s’y sont brûlé les yeux.



catin.

elle avance ;
elle est de ces créatures nuptiales aux pas chaloupés,
les talons qui claquent et les pans de sa robe qui dansent autour de ses hanches  galbées,
elle est de ces femmes de société qu’on aime exhiber à son bras le temps d’une soirée,
la parole délicate et le minois d’opale aux rouges voluptés,

putain.

elle s’attire les faveurs du beau monde, elle prend place dans la ronde,
parle politique et économie,
joue des verbes pour entrer dans la partie –

elle est,
l’horreur féminine tentatrices des rêves secrets.

t’as pas honte t’as pas honte t’as pas honte,

et lorsque les parures s’ôtent que les perles tombent,
et lorsque la courbure de ses cils retombent et que ses lippes demeurent nus,
elle s’observe dans le reflet.
se déteste-t-elle ?
a-t-elle en horreur ce qu’elle observe dans le miroir ?

regarde ce que t’es devenue, regarde toi regarde toi regarde toi,
t’fais pitié,
comment t’en es arrivée là ?

les regrets ne viennent pas,
ni les remords.
tout reste étouffé,
rien ne semble tangible au point de l’étrangler.

et elle sourit.
encore.
pour effacer les traces de culpabilités.



ses jambes se croisent,
elle se tait.
attends.


le regard se relève,
et de ses ongles impeccablement vernis elle dessine l’arrête de sa mâchoire.


ses doigts se glissent dans ses cheveux, démêlant les quelques mèches qui ne sont plus impeccablement coiffées.


et la voix au loin
t’as pas honte t’as pas honte t’as pas honte ;
vendre tes semblables, leur offrir la captivité tant détestée –
tu t’as pas en horreur de te voir te complaire dans ce semblant de bonheur,
qui es tu qui es tu qui es tu
même toi tu ne te reconnais pas
n’est-ce pas